La Salle du Trône

La salle du trône est une grande salle ornée d'une multitude de bannières de toutes sortes représentant l'armoirie d'Émeraude. De grands chandeliers et lustres servent à illuminer la pièce la nuit lorsqu'il est nécessaire d'y être. Un trône, fait entièrement d'or et de jaspe, incrusté d'émeraudes et partiellement recouvert de velours verts, était installé près du mur du fond, pour laisser de l'espace pour les grandes réunions. Dans cette salle, on y fait surtout les audiences lorsqu'un invité de marque est de passage à Émeraude, tel un roi, une reine, un prince, une princesse, ou encore un intendant. Lors des audiences, six gardes sont installés autour du trône, protégeant ainsi le roi de tout les côtés.
C'est là qu'ont lieu les adoubements et les nouvelles désignations.

-Elena d'Emeraude, approche, exigea le roi.

*L'écuyère franchit les quelques pas qui la séparaient du monarque et posa un genou à terre.*

-Tu as désormais quitté le sentier du doute pour marcher sur celui de la lumière. Tu es désormais un Chevalier d’Émeraude et ton nom n’est plus Elena d'Emeraude, mais le Chevalier Elena d’Émeraude.

*Les yeux de la jeune fille se levèrent vers le monarque.*

-Garde ton corps et ton esprit toujours purs. N’entretiens aucune pensée négative ou inutile dans ton cœur et fais-y plutôt croître ton amour pour Enkidiev et tous ses habitants. Ne cherche pas seulement la connaissance dans les livres, mais aussi dans tout ce qui t’entoure. Apprends à ressentir l’énergie dans tout ce qui vit. Partage ce que tu sais avec ceux qui cherchent comme toi, mais soustrais ton savoir mystique aux regards de ceux qui ont des penchants destructeurs.
"-Méfie-toi de ceux qui cherchent à te dominer ou à te manipuler. Sois vigilant face à toute personne qui souhaite te détourner de ton sentier pour sa gloire ou son avantage personnel. Ne te moque jamais des autres, car tu ne sais jamais qui te surpasse en sagesse ou en puissance.
"-Que tes actions soient honorables, car le bien que tu feras te reviendra au centuple. Honore tout ce qui respire, ne détruis pas la vie sauf si tu dois défendre la tienne.
"-Maintenant répète après moi.

*Toujours à genoux, mais le poing droit sur le cœur, la voix à la fois douce et ferme de la jeune femme s'éleva dans la salle.

-Je prends l’engagement de suivre avec honnêteté les règles du code de chevalerie et de travailler avec toute l’ardeur et le courage dont un Chevalier doit faire preuve à servir la paix et la justice sur tout le continent et même sur les pays non encore découverts, poursuivit Elena.
-Je m’engage aussi à maîtriser ma colère, ma peur et ma hâte en toutes circonstances et à faire appel aux dieux lorsque je dois prendre des décisions ou aider mon prochain.

*Elena connaissait le Code de la Chevalerie par cœur, tout comme elle connaissait le Serment sur le bout des doigts. Sa voix n'hésita pas une seule fois et chacun de ses mots semblaient faire transparaître sa franchise. Elle savait qu'elle respecterait scrupuleusement cet engagement puisque c'était l'objectif même de sa vie. Pour que la Paix et la Justice règnent en Enkidiev...*

-Elena d'Emeraude, tu es désormais un Chevalier d’Émeraude. Que les dieux te prêtent longue vie.

*Le roi lui lança l'accolade qui faisait d'elle un Chevalier en tapant sur ses épaules du plat de son épée. La jeune femme se redressa, rayonnante. Elle se sentait si fière de faire partie de cet ordre de défenseurs. Elle jeta un coup d'œil à ses frères et sœurs d'armes avant de repartir et ne put s'empêcher de sourire. Elle était fière d'avoir d'aussi bons compagnons et se sentait emplie d'amour à leur égard.*

La grande porte s’ouvrit et des gardes s’avancèrent dans l’immense salle de marbre blanc drapée de vert. Encadré par la garde, l’homme d’une carrure imposante ne semblait pas pour autant impressionné par toute cette démonstration de force et de richesse. Emeraude Ier se leva lentement de son trône serti de pierres précieuses et s’avança vers l’inconnu qui s’était incliné tout juste légèrement pour ne pas paraître irrespectueux et impoli.

Le roi d’Emeraude était considéré comme le plus sage de tous les monarques des Douze Royaumes. Son visage était grave et sérieux. C’était un homme grand et musclé, avec des cheveux bruns et ondulés parsemés de mèches argentées retombant sur ses épaules, et une barbe taillée avec soin. Ses yeux gris perle étaient francs et honnêtes et il n’avait pas le sourire facile.

-Ainsi êtes-vous le fier dragonnier sortit de nulle-part ?… Mais la question serait plutôt… qui êtes-vous en réalité et que voulez-vous ?

Le roi n’avait nulle intention de froisser le dragonnier et sa question aurait pu paraître quelque peu cavalière s’il n’avait pas eu de raison de douter et de se méfier. Les dragonniers étaient dotés d’une grande puissance. Peu nombreux désormais depuis la disparition des Dragons, ils avaient été dotant plus regroupé depuis que certains avaient profité de cette position pour faire œuvre de carnage. Abandonnant leur principale fonction de protecteurs, ils s’étaient retournés contre leurs paires pour asseoir leur pouvoir à l’aide de la force et de la puissance dont ils avaient été dotés. Le monarque savait qu’il ne devait montrer aucune faiblesse devant ceux-ci, car il savait en toute raison que lui-même n’était qu’un simple être humain avec toute sa force et ses faiblesses. Seuls sa position et son pouvoir reposant sur l’amour et la confiance de son peuple l’emportaient.

Sanada se fit escorter, ou plus précisément surveiller par quelques gardes qui avaient été désignés pour le faire. Il pénétra dans la grande salle du trône, et regarda le grand roi qui se tenait devant lui. Il semblait rayonner de sagesse. Sanada s'inclina légèrement pour ne pas sembler impoli. Se faire remarquer n'était peut-être pas la chose à faire. Il regarda le roi dans les yeux.
A la question du Roi, Sanada ne sut immédiatement que répondre. La vérité ? Peut-être. En en cachant une partie.

-Je me nomme Sanada, comme vous avez pu le constater je suis un Dragonnier. Ce que je veux.... Tout simplement l'hospitalité pour quelques jours, le temps de m'entretenir avec votre magicien afin de lui demander à ce qu'il m'enseigne certains de ses pouvoirs. Si bien entendu, vous subissiez une attaque durant la période où je me trouve parmi vous, croyez bien que je serais ravi d'apporter mon aide à vos troupes.

Il s'inclina encore une fois. Il regarda du coin de l'œil les gardes. Nul doute qu'il les aurait tous tué assez vite, mais il restait ce grand chevalier, ce Wellan. Même s'il avait ses faiblesses, il semblait tout de même puissant. Pour l'instant, mieux valait se faire discret.

Du pouvoir... Pourquoi faut-il que ces hommes si ambitieux soient sans cesse à la recherche de plus de pouvoir ?...

Malgré son profond questionnement et débat intérieur, le roi ne pouvait lui refusait l'hospitalité tant qu'il n'avait pas la preuve que celui-ci fut nuisible.
Emeraude Ier offrit donc un sourire chaleureux à l'homme qui se trouvait en face de lui.

-Vous semblez venir de loin, et vous êtes sans doute fatigué par votre voyage. De plus, vous êtes un dragonnier, ce qui est plutôt un privilège rare de nos jours.

Interrompant son monologue, le monarque fit un large et noble geste de la main, indiquant ce qui l'entourait.

-C'est pour cette raison que je vous offre l'hospitalité, à vous et à votre dragon, ici même, dans mon château. Vous êtes bien entendu le bienvenue si vous souhaitez prendre contact avec notre Ordre de dragonniers.

Il sera effectivement plus prudent de le garder à l'œil... Je vais en informer nos chevaliers. Mais peut-être après tout n'y a-t-il rien à craindre...

Sanada comprit que le roi doutait légèrement de sa bonne foi. Après tout, peut-être n'était pas si stupide que ça. Le dragonnier s'inclina respectueusement. Il se redressa et regarda le roi dans les yeux.

-Merci, votre Altesse. Je ne ferais pas intrusion à vos activités, soyez-en assuré. Par ailleurs, j'aimerais que vous remerciez l'un de vos jeunes chevaliers, Elena d'Emeraude. Elle s'est fort bien conduite envers moi et m'a amené a vous.

Il s'inclina une nouvelle fois, et comprit qu'il devait s'en aller. Sanada entendit la voix familière de Xar dans son esprit.

Redresse-toi et regarde-le dans les yeux.

Le Dragonnier obéit, et regarda le roi d'Emeraude dans les yeux. Un instant, le roi comprit ce que transmettait Xar à travers les yeux de Sanada.

-Tu as fait ton temps, vieillard.

Xar savait que le roi ne préviendrait sûrement pas ses chevaliers. Il passerait pour un fou.

#-Tu as fait ton temps, vieillard.#

Ces paroles résonnaient dans la tête du roi comme si elles avaient été répercuté en échos. Les pupilles du monarque se rétractèrent lorsqu'il crut voir au fond de celles du dragonnier comme un feu gigantesque qui brûlait à l'intérieur de lui. Et cette voix qui avait résonné dans sa tête, ce n'était pas la sienne. Elle était rauque, puissante et lourde de menaces.
La première idée qui lui vint à l'esprit fut que cette homme soit possédé. Démon, esprit ou dieu quelconque à l'image de la destruction, du feu et de la guerre résonnait au fond de cette enveloppe d'apparence humaine.
Il y aurait de quoi être fou, et le roi savait qu'il ne l'avait pas rêvé. Cependant, il ne pouvait en parler à quiconque. Âgé de cent soixante-dix ans malgré son apparence qui en suggéré la cinquantaine, Émeraude Ier était le plus âgé des rois humains. S'il racontait ce qui s'était déroulé dans cette pièce, ses chevaliers et ses conseillers penseraient sûrement qu'il avait perdu la tête et mettrait cela sur le compte de la vieillesse. Il avait une totale confiance en certains d'entre eux, mais il préférait attendre d'être plus certain et d'avoir plus de preuves. Et pour cela, il allait le placer sous surveillance rapprochée sans l'éloigner du palais. Il voulait le garder à l'œil. C'était l'unique solution pour éviter de quelconques drames.
Car Émeraude Ier en était désormais certain : en cet homme résidait le Mal, et ses motivations étaient sans doute au-delà de celles qu'il avait semblé montrer. Ce dragonnier ne cherchait pas uniquement le pouvoir, il cherchait davantage...

-Bien sûr, Elena d'Emeraude est l'un de mes plus grands espoirs de la chevalerie et malgré son jeune âge elle tend à égaler son ancien maître, le grand chevalier Wellan. Je ne manquerais pas de lui faire savoir qu'elle a bien agi et fait preuve d'esprit en agissant.

Le roi ne comptait pourtant pas congratuler ouvertement le jeune chevalier. Selon lui, cela ne ferait qu'encourager l'arrogance et la vanité dont faisaient preuve les jeunes chevaliers naturellement doués. Bien entendu, Elena n'était pas encore présomptueuse et arrogante, bien qu'elle fut consciente de ses dons et de sa valeur, et c'est pour cette raison qu'il voulait l'éviter.

-Maintenant, si vous voulez bien, sieur Sanada, nous allons vous indiquer vos appartements. Vous pourrez rester au château autant de temps qu'il vous semblera nécessaire.

Sanada s'inclina à nouveau. Il ne fallait pas manquer de respect au roi. Il faillit se retourner sans rien ajouter mais se ravisa. Il se releva pour demander une faveur au roi.

-Votre Altesse, j'aimerais vous demander une faveur. Demandez au chevalier Elena de me rejoindre dans la bibliothèque de votre château. J'aimerais la remercier personnellement. A présent, si vous voulez bien m'excuser...

Il s'inclina à nouveau puis sortit, escorté des gardes. Il entendit la voix de Xar dans sa tête.

**Tu ne vas tout de même pas tenter de charmer une demoiselle maintenant ?**

Sanada ne répondit pas. Les gardes l'auraient sans doute prit pour un fou.


~> Rp à suivre dans La Bibliothèque

Le jeune chevalier s'inclina respectueusement devant le roi, la missive précieusement serrée contre sa poitrine.

-Ce serait pour moi un honneur Votre Altesse.

Emeraude Ier lâcha un soupir en regardant Elena sortir de la pièce. Le roi avait confiance en ce jeune chevalier. Néanmoins, il s'était attaché à elle, un peu plus que de raison d'ailleurs. Son apparente douceur Et il s'inquiétait. Pourtant, il aurait du faire confiance au Magicien de Cristal, et devrait se rassurer, car celui-ci ne l'aurait sans doute pas précipité dans un danger.

~> Rp à suivre dans Le Lac Sérénité

Pelleas, après avoir quitté ses compagnons, était retourné à ses anciens appartements. Ils n'avaient pas changé. Tout était à sa place jusqu'à la moindre pierre à aiguiser. Néanmoins, étonnament, il vit au milieu de pièce une toile de lui en armure se battant avec un troll. La peinture portait l'écriture "Le combat du Chevalier Pelleas contre le troll Anzug". Pelleas se rappelait encore nettement de ce combat qui l'avait laissé blessé au coude et le jeune homme avait par la peine dû refaire faire sa coudière. Il vit en dessous du tableau un petit autel avec de l'encens qui brûlait ce qui expliquait la lourdeur de l'odeur ambiante. Sans pour autant paraître ouverte, cette chambre restait en l'état faisant office de lieu de recueillement pour les proches du chevalier selon la vieille tradition familiale. Après posé ses affaires Pelleas craqua à la tentation d'un bon bain. C'était si agréable ! Et maintenant qu'il y pensait, après plus d'un mois sans bain, il devait dégager une odeur épouvantable.

Sortant de ses ablutions, il enfila ses vêtements de cérémonie, inutilisés depuis près de sept ans maintenant. Comment tout représentant de la famille De Loklääs, il passa tout de même sa ceinture avec ses deux épées à sa taille et ses deux dagues dans son dos, même si durant la cérémonie, aucune attaque n'était à craindre.

Il s'assit à la manière qu'il avait appris durant son passage au païs de Jade pour se vider l'esprit. Lorsqu'il se sentit prêt, il se releva et rejoignit le groupe de chevaliers en direction de la salle du trône.

Durant le trajet il pensait à Elena de manière distraite sans réellement s'en rendre compte. Arrivé devant le lourds battants des portes de la salle du trône, ses compagnons s'écartèrent pour lui laisser ouvrir la grande porte. Il prit une grande inspiration et poussa les blocs de chêne massif...

Brennan et Elena arrivèrent enfin à la salle du trône. Tout le monde ou presque était présent. Le roi attendait assis sur son trône, une expression impénétrable sur le visage. Les Chevaliers d‘Emeraude des deux générations formaient deux longues lignes de part et d’autre du tapis qui menait à l’estrade sur laquelle se trouvait le siège royal. Wellan, le chef de l'Ordre se trouvait à la droite du roi, debout, les bras croisés sur la poitrine, une lueur de inquisitrice dans le regard. Il était sans doute celui qui avait le plus de mal à avoir du attendre pour trouver les réponses à ses questions. Elena se plaça aux côtés d’Owen, un des frères d’armes de sa génération. A présent, des réponses à certaines de ses questions allaient sans doute être apportées.

Elena sentit l'inquiétude de Pelleas et avant qu'il entre dans la salle, et elle lui envoya une vague d'apaisement. Lorsqu'il entra le visage du Chevalier était détendu et il réussit même esquisser un sourire de reconnaissance à son encontre lorsqu'il passa pour se placer au centre du tapis rouge. Il s'agenouilla devant le roi qui lui fit signe de se relever.

Emeraude Ier commença alors à prendre la parole.

Emeraude Ier esquissa un sourire lorsqu’il vit entrer Pelleas. Il l’étudia un instant du regard avant de prendre la parole. Le Chevaliers semblait avoir mûrit et changé. Les traits de son visage étaient plus durs, sa démarche assurée et volontaire montrait qu’il restait maître de lui-même malgré ses angoisses. Il était grand et fort, presque aussi grand que le chef de l’Ordre qui était un géant à côté des autres hommes. Le jeune chevalier plein de fougue qu’il avait vu grandir était à présent devenu un homme.

-Quel bonheur de vous revoir Chevalier ! Vous retrouver ainsi, sain et sauf, après toutes ces années et alors que nous vous croyons perdu empli mon cœur de joie tout autant que ceux de cette pièce.

Le roi fit une pause. Son sourire disparut et ses yeux gris perle perdirent leur éclat joyeux. Une ombre de lassitude et de résignation s’installa et lorsqu’il reprit la parole, ce n’était plus avec entrain mais d’une voix posée et calme.

-Mais je doute que vous ayez disparu tout ce temps sans nous donner nouvelles sans y avoir été contraint.

-Les jours s’assombrissent et raccourcissent alors que l’hiver approche. Mais l’Ombre qui descend sur ce monde, venue du nord, et les présages de ces derniers temps sont de nature bien plus inquiétante que la venu d’une saison difficile...

-Racontez-nous donc ce qui est arrivé, sans rien omettre. Vous pouvez parler sans contrainte et en toute liberté, car je doute que vous ayez besoin d’avoir de secret ici, devant votre roi, votre ancien maître et vos frères et sœurs d’armes...

Le roi esquissa un geste de la main, rassurant, et l’incitant à confier son histoire dans les moindres détails.